Une aventure des années soixante.
Le 16 septembre 1966 dans le n°38 de l’hebdomadaire “Nord de la France Industrielle” paraît un article qui annonce la construction d'”un nouveau centre de délassement et de loisirs”. Ce magazine, disparu aujourd’hui, avait pour objet de traiter l’information économique régionale.
La tonalité conquérante de l’article rend bien compte de l’atmosphère des années soixante où l’insouciance était de mise. Aucun doute sur l’avenir radieux qui s’annonce.
Les problématiques environnementales et relevant de la protection des côtes ne sont pas, mais pas du tout, à l’ordre du jour. “800 résidences secondaires pour cadres seront construites à Oye-Plage” indique le magazine en page de couverture. Ce n’est pas au conditionnel, c’est au futur… On sait ce qu’il en est advenu.
“L’aménagement du littoral de la mer du Nord
OYE-PLAGE s’apprête à recevoir les 700 à 800 logements des “Ecardines”
cité de résidences secondaires et centre de délassement et de loisirs
Les Ecardines, ces brachiopodes que l’on trouve parfois sur nos plages, vont donner leur nom à un nouveau centre de délassement et de loisirs qui verra le jour à Oye-Plage. A l’Ouest de Grand-Fort-Philippe, se situe en effet une très belle plage de cinq kilomètres de long, bordée par une zone de dunes envahie par une abondante végétation. En retrait de cette protection naturelle contre les vents venus de la mer et qui se présente sur une hauteur moyenne d’une douzaine de de mètres, s’étend une vaste bande de terrains d’un peu plus de 100 hectares actuellement en culture, du moins en partie. Cette bande suit approximativement la route qui va du “Tape-cul”, à Oye-Plage, à Grand-Fort-Philippe.
Soucieuse d’aménager la plage qui se situe sur son territoire, la commune d’Oye-plage a confié le soin de mettre en valeur cette partie du littoral à une société privée qui a été constituée le 20 juin dernier. C’est la société “Les Ecardines” dont le siège se trouve 18, rue Colbert à Saint-Pol-sur-Mer et dont le capital vient d’être porté à 500 000 frs.
La société “les Ecardines”
Dans son objet, cette société anonyme se propose “l’acquisition, la mise en valeur, l’administration, l’exploitation, la location, la vente en totalité ou par parties et l’échange de tous terrains et immeubles nécessaires à l’aménagement de la plage de Oye-Plage”.
Son président est M. Paul Waucquier, ancien capitaine au long cours qui connaît particulièrement bien le littoral de la région dunkerquoise et qui y est très attaché. Parmi les premiers actionnaires de la société figurent plusieurs personnalités et sociétés industrielles régionales. Y participent également quelques actionnaires belges qui s’intéressent à cette partie de la côte française.
Il s’agit donc dans l’esprit des promoteurs de cette opération des Ecardines de créer sur cette partie du territoire d’Oye-Plage, admise comme “zone sensible” dans le cadre de l’aménagement touristique de la région, une zone de délassement à même d’offrir à un certain nombre de cadres moyens du Nord et du Pas-de-calais la possibilité d’une part, de s’y faire édifier la résidence secondaire dont beaucoup rêvent, la possibilité d’autre part d’y trouver les équipements souhaitables de détente et de loisirs.
Voyons donc successivement ces deux aspects.
Un ensemble résidentiel de 700 à 800 maisons
La Sté. Les Ecardines procède actuellement aux achats de terrains qu’elle mettra ensuite en état de viabilité en y créant les routes, les réseaux d’adduction et d’évacuation d’eau, une station d’épuration, sans doute aussi une station de propane, etc…
Sur les 160 hectares que représente l’ensemble de ces terrains, 80 iront à la construction de logements, le reste étant réservé à la création d’espaces verts et des équipements commerciaux et sportifs.
Ce sont quelques 7 à 800 parcelles de 1000 à 1200 m² qui seront ainsi offertes aux acquéreurs à des prix qui, selon le désir des promoteurs, doivent rester accessibles à un cadre moyen. La construction du logement incombera à l’acquéreur qui s’adressera à l’architecte et à l’entrepreneur de son choix. Elle devra cependant se plier à certaines règles d’urbanisme et d’architecture destinées à conserver l’homogénéité ce qui n’exclut pas la diversité.
Reste l’aspect des équipements de détente et de loisirs.
Détente et loisirs
Le besoin de détente hebdomadaire qui amène le citadin à quitter sa ville pour une région où le calme et la vie au plein air l’attendent, n’est plus à démontrer. Qui aujourd’hui ne rêve de sa maison de campagne ou de son pavillon au bord de la mer ?
Mais en situant cette zone de détente et de loisirs à proximité d’une plage, les promoteurs de l’opération des Ecardines n’ont pas voulu que la mer en soit le seul attrait. Ils ont pensé qu’une telle zone se devait de pouvoir offrir d’autres éléments distractifs.
C’est pourquoi, dans ce sens et très sagement, les promoteurs ont pris contact avec les différents responsables des administrations régionales, à même d’apporter un avis autorisé, voire un concours appréciable dans la réalisation de l’ensemble projeté : Ponts et Chaussées, Jeunesse et Sports, Eaux et Forêts, etc…
Ensembles, réunis sous la présidence de M. le Sous-Préfet de Saint-Omer, ils ont jeté les bases d’une résidence que dès maintenant, avant même l’établissement du plan de masse, on peut considérer comme complète.
De fait, au Centre Commercial déjà mentionné, s’ajoutera un centre sportif avec terrains de volley-ball, basket-ball, etc…, une piscine pour adultes et une piscine pour enfants, sans doute aussi un terrain d’équitation. En ce qui concerne les sports nautiques, une station pour bateaux à voile avec accès direct doit également être créée ainsi qu’un motel et peut-être un terrain pour caravanes (1ère classe). Mentionnons encore dans les projets un centre culturel avec salles de réunion et autres équipements.
Tout ceci doit s’implanter au milieu d’espaces verts largement prévus puisqu’ils couvriront plus de la moitié de l’ensemble et abondamment pourvus d’arbres. C’est ainsi qu’une bande de terrain boisé limitera dans l’immédiat le lotissement à l’est sur vingt cinq mètres de largeur.
Par la suite, c’est toute une forêt qui le prolongera dans cette même direction.
Pour quand ?
Certes, dira-t-on, on n’en est qu’aux projets.
Le plan masse étudié par le B.O.E. (Bureau d’Organisation Economique) qui a installé un bureau, 15-17, rue des Buisses (place de la gare) à Lille, est déjà bien avancé. Le travail se fait sous la direction de M. Bied, ingénieur conseil de la Société et M. Lepère, architecte, et l’on peut penser valablement que les premiers travaux pourront commencer au printemps prochain. Les constructions suivront, contribuant en quelques années à la naissance d’une nouvelle ville que le citadin du Nord ira rejoindre avec empressement une fois terminée sa semaine de travail.”
Nord de la France Industriel, n° 38 du 16 septembre 1966
(Archives départementales du Nord)