De l’époque romaine au XIème siècle

Epoque romaine

Le tracé précis de la côte à cette période reste inconnu. Il est cependant probable qu’il soit en partie proche du tracé actuel. Strabon, géographe grec, nous indique que la région était couverte de forêts. Il précise aussi que l’océan s’épanche deux fois par jour dans la plaine et il se demande si ces parages font bien partie de la terre ferme.

La plaine maritime est alors occupée par les Morins et les Ménapiens. Ils habitaient, toujours selon Strabon, « de petites îles et plaçaient leurs cabanes sur des éminences formées en quelques endroits par la nature et en d’autres par la main des hommes, assez élevées pour que les marées ne puissent pas les atteindre. » Un paysage qui, les arbres en plus, pourrait être assez proche de celui de la Frise actuelle.

Bas Moyen-âge

Vers 400 après JC, la mer aurait commencé à envahir la plaine maritime (delta de l’Aa). On a appelé cette période la trangression dunkerquienne II, qui correspondrait à une élévation du niveau de la mer. Une autre explication a été avancée : cette progression de la mer dans la plaine serait due à un affaissement, une érosion du marais.

la côte vers 900
Cette carte est établie en tenant compte de l’hypothèse « transgression dunkerquienne » qui est aujourd’hui remise en cause, d’après Georges Dupas, Histoire de Gravelines, Westhoek Editions 1981.

Le sol du delta était constitué de tourbe, résultat de la décomposition et de la compression des joncs et roseaux, qui poussaient dans ces zones humides. 90% de la tourbe se seraient délités et auraient disparu sous l’action du drainage et des marées, laissant la place à la mer qui aurait ainsi occupé l’espace devenu libre… Mais actuellement c’est une autre hypothèse qui se dessine. Les historiens d’aujourd’hui ainsi que les archéologues n’ont pas trouvé de traces de cette possible invasion marine. Le concept de trangression dunkerquienne avait été émis par les érudits du XIXème siècle pour deux raisons. La première était qu’à l’époque on avait retrouvé très peu de matériel archéologique de cette période et la seconde que les noms de lieux n’apparaissaient dans les archives qu’à partir du Xème siècle. Ce modèle a évolué depuis une trentaine d’années. En effet, des datations au carbone 14 montrent une évolution continue du niveau de la mer. Puis les travaux d’archéologie préventive* attestent qu’il y a bien eu des occupations humaines dans la plaine maritime au bas moyen-âge. Il est très probable que durant toute cette période les chenaux de marées aient bougé au fil du temps.

Xème -XIème siècle

Au cours de cette période, le delta a tendance à continuer à se combler naturellement par les sédiments apportés par les rivières -rivière d’Oye- et fleuve -Aa-. L’envasement et les travaux des hommes contribuent au recul de la mer.

* Depuis 2001, un diagnostic est imposé par la loi dès qu’un chantier important se met en place : création d’un nouveau lotissement, d’un nouveau bâtiment ou d’une nouvelle voie. En fonction de l’intérêt archéologique révélé par ce diagnostic, les fouilles sont décidées ou non. Elles se sont multipliées ces dernières années dans la plaine maritime et ont livré de nombreuses informations intéressantes.