Au détour de la dune blanche, sur la plage du casino, on peut faire cette étrange rencontre. Un chou, rappelant irrésistiblement par sa couleur glauque les choux comestibles du jardinier. Il s’agit du chou marin, qu’on appelle aussi crambe ou crambé maritime. C’est un hôte habituel des plages de galets, comme on en trouve à Cayeux aux confins de la baie de Somme. Ne craignant pas le sel, il est plus rare sur le sable. Sa racine pivotante s’enfonce rapidement et profondément dans le sol. Elle lui assure ainsi une forte résistance à l’arrachage, qualité indispensable quand on pousse dans la zone battue par les vents et les embruns.
Au XIXème siècle, l’abbé Masclef, dans son atlas des plantes de France, en encourageait la culture et la consommation : “Le crambé maritime est utile dans l’économie domestique. Les jeunes pousses feuillées, blanchies sous des cloches ou mieux au moyen de buttage en terre, constituent un légume succulent qui mérite d’être plus connu et cultivé davantage. On mange ces jeunes pousses à la manière des asperges et des choux fleurs dont elles ont un peu la saveur.” Aujourd’hui, à la faveur d’un renouveau d’intérêt pour les variétés anciennes, on peut facilement trouver des graines chez les grainetiers traditionnels ou par internet. Le chou marin se cultive aisément au jardin. Vivace, il reste en place de nombreuses années. Nos voisins britanniques apprécient les jeunes pousses qui sont consommées blanchies.
Son aire de répartition s’étend du littoral du Portugal à celui de la Baltique. En France, le chou marin est une plante protégée sur tout le territoire. Elle voit son habitat naturel se réduire du fait de l’urbanisation croissante des côtes. Chez nous, sur un terrain sableux, elle est particulièrement rare.
- Sources :
- Guide des plantes des bords de mer Atlantique et Manche, Christian Bock, Belin, 2011.
- Atlas des plantes de France, Utiles, nuisibles et ornementales, A. Masclef, 1891.
- La page du chou marin sur wikipedia.