La chélidoine est une plante aux fleurs jaunes. Celles rencontrées près de la poudrière, blockhaus rectangulaire en bordure de la route face à la tour penchée, sont peu courantes. Il s’agit probablement de la variété “flore pleno”, dont les fleurs sont très touffues. La variété habituelle offre des fleurs plus simples, à quatre pétales en croix, un peu à la manière des crucifères (Brassicaceae). Elle est relativement commune dans les dunes arbustives de l’est dunkerquois.
Sur un plan botanique la chélidoine appartient à la famille des Papavéracées, c’est-à-dire des coquelicots et des pavots. Son nom scientifique est Chelidonium majus.
La chélidoine, par sa sève orangé, a très tôt intéressé la médecine. Au Moyen Age, la théorie des signatures chère à Paracelse (1496-1541) médecin alchimiste suisse de langue allemande, établit un lien entre l’aspect physique de la plante et la maladie qu’elle est supposée soigner. La couleur de la sève est alors interprétée comme un signe, le suc orange rappelle la bile. La plante est donc réputée efficace contre les maladies du foie. La médecine actuelle dispose d’autres moyens, autrement plus sûrs, pour identifier les propriétés des plantes. Comme c’est souvent le cas chez les Papaveracées, la chélidoine contient de nombreux alcaloïdes. On peut citer la chélidonine, la sanguinarine, la berbérine et la coptisine surtout présents dans les racines.
Pour compléter, voici le tableau peu flatteur qu’en fait l’abbé Amédée Masclef, botaniste du 19ème siècle : ” Nuisible : C’est une plante vénéneuse, à odeur fétide, évitée avec grand soin par les animaux. Toutes ses plantes sont pleines d’un suc jaunâtre, très âcre qui tache et corrode la peau comme l’acide nitrique. On l’utilise dans les campagnes contre les verrues.” Son efficacité contre les verrues semble, elle, bien avérée. On casse une tige, on badigeonne le latex orange sur la verrue et on recommence l’opération jusqu’à disparition de celle-ci. Un des noms communs de la chélidoine est, du reste, l’herbe aux verrues.
Avec le “ch” qui se prononce “k”, l’origine grecque du mot chélidoine ne fait guère de doute. Dans cette langue Kélidon veut dire l’hirondelle et kélidonion, l’herbe de l’hirondelle. Quel lien entre cet oiseau et notre plante ? Les philologues ne sont pas avares de réponses. D’aucuns attestent que pour les anciens Grecs les hirondelles auraient soigné les yeux de leurs petits avec le suc de la plante, d’autres que l’apparition de la chélidoine au printemps correspond au retour des hirondelles. Au lecteur de faire son choix…
Sources :
- Le latin du jardin,Diane Adriaenssen, Larousse, 2011.
- Petit Larousse des plantes médicinales, Gérard Debuigne et François Couplan, 2010.
- Atlas des plantes de France, Utiles, nuisibles et ornementales, A. Masclef, 1891.