Promeneurs, attention où vous mettez les pieds ! S’il ne devait y avoir qu’une plante pour justifier la présence d’une réserve au platier, ce serait celle-là. En effet, l’obione pédonculée (Halimoine pedonculata) est une plante très rare que l’on ne rencontre plus en Europe du Nord Ouest que dans quelques stations très ponctuelles. En France, quatre localisations sont connues : estuaire de l’Authie, Fort vert, platier d’Oye et baie du Mont Saint Michel. L’espèce est en très forte régression depuis les années 60. A l’époque, on pouvait encore la rencontrer près du Tréport, en baie de Somme et aussi entre Gravelines et Dunkerque à l’emplacement actuel du complexe sidérurgique d’Arcelor.
Elle appartient à famille des Chénopodiacées (Amaranthacées, dans la nouvelle classification), tout comme la salicorne, les arroches, la bette maritime. Elle partage avec ces plantes un goût pour les terrains salés. Elle s’installe en limite de la ligne des marées hautes, au fond des estuaires, des baies ou de pannes dunaires ouvertes à la marée. Sur le platier, on la retrouve à l’est, au fond des mares asséchées, qui se retrouvent recouvertes par la mer quelquefois par an. Depuis 4 à 5 ans, elle apparaît aussi sur l’ouest, sur le haut de plage du casino. Elle s’installe en compagnie de la salicorne, de la bette maritime, de la lavande de mer et aussi du plantain corne de cerf. Elle aime bien les espaces ouverts, où elle ne subit pas une concurrence trop forte d’autres plantes.
C’est une plante basse de 15 cm de hauteur, les plus grands spécimens peuvent atteindre les 30 cm. Les feuilles sont oblongues, vertes et gris argenté. Elle se reconnaît surtout bien, en septembre et octobre, par les fruits très curieux qu’elle produit et qui lui donnent son nom. Une confusion est possible avec l’obione faux-pourpier (Halimoine portulacoides), de la même couleur mais beaucoup plus vigoureuse. Cette dernière, rencontrée dans des zones plus souvent inondées par la marée, possède des feuilles opposées. Chez la pédonculée, toutes les feuilles sont alternes.
L’espèce est protégée sur la totalité du territoire français depuis 1982.